La petite histoire méconnue des vitraux de chartres
Ces trésors artistiques ont été au cœur d'opérations spectaculaires pour garantir leur protection.
Dans les années 1937 et 1938, à la veille des conflits, des travaux préparatoires étaient entrepris dans le cadre de la défense passive. L’angoisse grandissait alors que la guerre approchait inexorablement, la décision fut prise en juin 1939, de déposer les 3000m² de verrières.
Lorsque l’armée allemande menaçait Paris, les experts prirent la décision de protéger ces vitraux inestimables. En juin 1940, une première opération d'évacuation se mit en place. Un convoi de camions transportant 539 caisses de vitraux quittait Chartres pour rejoindre un abri sécurisé en Périgord. Les verrières étaient enfermés dans des caisses en bois, soigneusement confectionnées, gardées sous haute surveillance, prêts à être dissimulés dans une carrière souterraine.
Mais cette opération n’était que partielle, car la menace allemande se faisait de plus en plus pressante. Le préfet Jean Moulin et ses collègues durent abandonner la deuxième vague d'évacuation. Trop risqué, trop incertain. Ainsi, une partie significative des vitraux resta piégée dans les cryptes de la cathédrale pendant toute la durée du conflit.
En Dordogne, la protection des caisses était mise en œuvre de manière méticuleuse. Situées dans une carrière à 300 mètres sous terre. Les conditions de stockage étaient optimales, mais l’humidité nuisait à certaines, incitant à une restauration prudente par des artisans locaux. La vigilance était de mise : jour et nuit, un gardien surveillait l’accès aux salles.
Après la guerre, entre novembre 1945 et octobre 1948, des opérations de rapatriement et de restauration ont été réalisées, souvent dans des conditions difficiles. Malgré les défis, les ateliers Lorin et Gaudin réussirent à reposer ces vitraux emblématiques sous le contrôle attentif de Trouvelot. C’est ainsi que le panneau de l’Annonciation, pièce maîtresse de la grande verrière occidentale, vint couronner cette aventure héroïque de sauvetage.
Aujourd’hui, les vitraux de Chartres témoignent non seulement de la grandeur artistique médiévale, mais aussi de la résilience d’un patrimoine préservé face à l’adversité. Une véritable saga de passion et de dévotion qui rappelle à chacun l'importance de protéger notre héritage culturel.